Maridan-Gyres

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7 - Diner à la table du commandant

Le commandant

 

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«  Mesdames et messieurs soyez les bienvenus à bord du Concordia! Je suis heureux de vous accueillir à ma table, installez-vous ! »

 

Tour à tour, les convives prennent place.

 

«  Je vous propose de nous présenter les uns après les autres, histoire de faire connaissance et de faire fondre la glace. Je commence le tour de table. Je m’appelle Henri Beltran et je suis le commandant de ce navire. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu diriger des bateaux. Après un baccalauréat plus trois années d’études, je me suis engagé dans la marine où je suis resté dix ans, le temps nécessaire pour obtenir mon grade de capitaine de vaisseau.

 

M’étant marié, j’ai décidé de réintégrer la vie civile et j’ai postulé sur différentes compagnies maritimes afin d’obtenir un poste de commandant de la marine marchande. Enfin, à la naissance de mon premier enfant, je suis devenu commandant de bateaux de croisière. Depuis dix ans à la CMC, j’ai toujours autant de plaisir à exercer ce métier et d’autant plus depuis l’année dernière ou on m’a confié ce somptueux bâtiment. »

 

Le commandant se tourne alors vers Véronique.

 

«  À vous chère Madame !

-          Bonjour ! Je m’appelle Véronique Salvin, j’ai quarante ans.  Je suis professeur de  français depuis presque vingt ans et pour lapremière fois de ma vie, j’ai mis les pieds sur un bateau. « 

 

Les mots ont été lâchés avec précipitation dans un souffle et puis le silence est retombé, brutal et glaçant. Yves qui a capté son malaise enchaîne aussitôt.

 

«  Je m’appelle Yves Chabut. Lieutenant-colonel de la marine. Après dix années passées dans la légion, j’ai rejoint la marine où je suis devenu plongeur de grands fonds. Aujourd’hui retraité, je réfléchis à une reconversion. » À son tour, il se tourne vers son jeune voisin.

 

«  Je m’appelle Antoine Cerva, mais on me nomme plus souvent Tony. Je suis un enfant de la DAS et n’ai donc pas grand-chose à dire à ce sujet. J’ai exercé mille petits boulots, comme le font souvent les enfants dont personne ne veut. Je suis alcoolique et j’essaie de m’en sortir. C’est pourquoi je ne boirai que de l’eau au cours de ce repas. »

 

Ces derniers mots ont touché Véronique, qui ne peut s’empêcher de rapprocher son histoire de celle de ce jeune homme. Elle ne peut retenir une larme. Sur un signe discret du commandant, le  verre de champagne a été retiré et remplacé par un jus de fruits, ce qui touche Tony qui remercie le serveur, de même que le commandant.

 

«  Merci Henri !

-          De rien, Tony, c’est la moindre des choses. Allez à vous !

-          Moi, c’est Robert, mais depuis toujours mes enfants m’appellent Patachou, car trop rond, trop mou, trop coulant avec eux, et trop laxiste, à leur goût, avec leur mère qui était plus une marâtre qu’une mère. C’est pourquoi j’ai décidé de la quitter avant d’embarquer sur ce navire. J’ai été chef comptable pendant plus de vingt ans et à présent me voici au chômage et donc en vacances forcées pour mon plus grand plaisir. Ce voyage me permet de réaliser un vieux rêve,  celui d’écrire. Est-ce ce bon ? Est-ce mauvais ? Peu m’importe, car j’ai commencé à écrire dès que j’ai posé mes pieds dans ma cabine. J’ai déjà noirci un cahier et j’en suis très heureux. Où me mènera ma prose, je l’ignore, mais j’avoue que c’est un plaisir tout nouveau et que cela me grise. Quelle que soit l’issue de ce voyage, je n’aurais aucun regret, ce n’est que du plaisir.

-          Si vous le voulez, je pourrai lire ce que vous avez déjà écrit et vous dire honnêtement ce que j’en pense. J’avais pris des livres, mais ils ne me tiendront pas occupée toute la semaine.

-          Vous feriez cela pour moi ?

-          Pourquoi pas ? Je suis certaine que cela me distraira. J’adore lire et en plus, je pourrai, éventuellement, si cela s’avère nécessaire, jeter un coup d’œil à l’orthographe.

-          Vous m’en voyez ravi, et ce d’autant plus, que je maîtrise très peu l’orthographe, donc, votre aide me sera précieuse.

-          Alors, marché conclu !

-          C’est vraiment très gentil de votre part. Si vous êtes d’accord, je vous les porterai après le déjeuner.

-          Les, dites-vous ?

-          Oui, car d’ici là, j’aurais terminé le second cahier.

-          Sur quoi écrivez-vous ? demanda le commandant

-          Un peu sur ma misérable vie. Pourtant je n’étais pas parti de cela, mais je crois que cela a envie de sortir. Peut-être pour libérer le reste. Ce que j’ai enfoui toutes ces années.

-          Y a-t-il des sujets qui vous inspirent plus que d’autres ? lui demande Yves

-          À vrai dire, je n’y ai pas réfléchi. Pour l’instant, je laisse le stylo travailler tout seul. Je ne suis que la main qui le tient

 

Le commandant est satisfait. Quand il avait entendu les présentations, il avait craint un déballage de bras cassés version télé-réalité ce qui arrivait assez souvent, mais le bonhomme et ses écrits avaient donné un. Il a l’assurance qu’ils garderont un très beau souvenir de ce  premier repas commun. Ne voulant pas rester en dehors, il se plonge avec plaisir dans cette discussion animée et fort plaisante.

 

« Peut-être ce repas vous servira-t-il de cadre dans un prochain ouvrage, intervient-il.

-          Pourquoi pas ? En tout cas, je retiendrai probablement vos hôtes comme personnages possibles et ils pourraient même, qui sait, devenir assassin, voleur ou séducteur. Qui sait si un malade ne va pas assassiner notre commandant de bord ?

 

La table se met à rire et continue à bavarder joyeusement. C’est le moment que choisissent les serveurs pour apporter l’entrée. Le spectacle commence et les discussions cessent, tandis que défilent le plat, le fromage et les desserts. C’est repus de rires et de bonne chère que les convives se retirent les uns après les autres, après avoir salué et remercié le commandant de bord.

Véronique qui est restée un  peu plus tard à discuter avec Yves et le commandant part rejoindre Patachou à sa cabine. Avec un grand sourire, il lui remet ses deux premiers cahiers.

 

« Vous voyez, je vous l’avais dit. Votre bavardage m’a permis de finir le second cahier. Je tiens un filon, je crois bien que je ne vais pas beaucoup dormir cette nuit. Merci pour cette aide précieuse que vous m’apportez. Vous savez, je ne me suis pas relu. Il y aura surement pas mal de fautes d’orthographe.

-          Voulez-vous que je vous les note dans la marge ou sur une feuille à part ?

-          Non ce sera plus simple dans la marge, car je les corrigerai au fur et à mesure que j’avancerai dans la dactylographie.

-          Vous savez taper à la machine ?

-          Non, mais je compte le faire sur mon ordinateur à mon rythme. J’ai à présent beaucoup de temps devant moi.

-          Bon allez, je vous quitte ! Vous devez écrire et moi, je me ferai bien un peu de lecture avant d’aller dormir.

-          Merci beaucoup Véronique.

-          Inutile de me dire merci, je n’ai encore rien fait. À demain Robert.

 

Elle regagne sa cabine le cœur léger. Elle a passé une excellente soirée et en plus, ils se sont tous donné rendez-vous pour le lendemain midi.

 

Maridan 3/08/2016

 

La suite :  http://maridan-gyres.blog4ever.com/8-veronique



02/11/2020
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