Hommage aux oeuvres de Françoise
Une fée désenchantée
Elle se sentait perdue. Qui pourrait être capable de la libérer de ses propres pensées ? Elle avait bâti autour d’elle des murs si hauts que plus personne n’osait l’approcher. Elle avait voulu cette solitude, elle en avait rêvé pendant de si longues années
À l’époque, elle pensait que si un jour, une occasion lui était donnée de faire le point, de se recentrer sur elle-même, elle finirait par y voir plus clair. Elle saurait alors vers quoi elle devait conduire ses pas, sa vie, son avenir. Elle l’avait désiré si fort, ce recentrage. Elle avait voulu fuir sa vie facile.
Or voilà près de cinq ans qu’elle avait fait le vide autour d’elle, et rien ne l’avait soulagé du tsunami qui continuait à enfler en elle. Elle voyait le monde se défaire tout autour d’elle et des autres. Et curieusement, elle semblait être la seule à voir ce que l’avenir réservait à l’humanité.
Quelquefois, elle croisait une personne, qui comme elle avait la prémonition d’une apocalypse prochaine. Mais parmi les puissants, ceux qui avaient le pouvoir de changer les choses… Rien… Nada… Une fois de plus, la course à la richesse et à la notoriété semblaient les seuls buts que poursuivaient ces puissants.
Elle, elle avait renoncé à ses ailes pour suivre un homme qui disait l’aimer. Ses sœurs les fées l’avaient mise en garde contre les sentiments humains. Mais elle n’avait écouté personne. Lorsque ses sœurs lui avaient retiré ses ailes, son père désespéré lui avait fait un dernier cadeau
Je t’offre ces myriades de papillons. Quand sera venu l’heure où le désespoir envahira ton jeune cœur, laisse-les partir. Ils emporteront avec eux tes préoccupations humaines et je saurai qu’il est temps pour moi de venir de ramener parmi les tiens. Elle n’avait jamais lâché prise.
Et puis, ce matin, les informations avaient confirmé la prolongation de dix ans des centrales nucléaires de France. Elle avait compris que tant que l’argent resterait la priorité des autorités, l’humanité n’aurait aucune chance.
Un joli papillon rose s’était posé sur son pied et elle avait pris sa décision. Elle ne pouvait pas sauver l’humanité. Certes, elle avait trouvé ça et là quelques âmes qui travaillaient pour sauver ce qui pouvait l’être.
Il y avait Pierre Rahbi ce philosophe-agriculteur qui croyait en un monde différent. Elle avait aimé sa théorie du colibri. Elle avait croisé Amma, lors d’un de ses rassemblements au grand câlin, cette femme donnait de l’amour à tous et elle ouvrait les yeux de ceux qui le voulaient vraiment. Certains disaient même qu’elle pouvait les connecter avec l’au-delà. Et puis, il y avait le merveilleux Dalaï-Lama, l’indien Raoni, tous ces gens qui luttaient seuls et à mains nues contre des ignorants qui ne pensaient qu’aux richesses qu’ils leurs volaient à longueur d’année. Même ces lueurs d’espoir ne lui suffisaient plus, alors elle ouvrit le coffre aux papillons et les laissa s’envoler. Sur chacun d'eux, elle avait fixé une des idées qu'elle avait collectée pour améliorer leur futur, à eux d'en faire bon usage.
Elle rendait aux hommes, les quelques traces d’espoir qu’elle avait gardées tout au long de son périple parmi eux. Elle regarda une dernière fois ce monde en passe de devenir stérile, puis elle attendit que se remettent en place ses ailes irisées et elle s’envola retrouver les siens au cœur d’une des dernières forêts encore préservées.
Désormais, elle aurait des nouvelles des hommes par ces jolis messagers...
Maridan 22/06/2014
Merci à Françoise pour ces magnifiques illustrations qui ont donné naissance à ce petit texte. Vous pouvez retrouver ces œuvres sur son blog à l’adresse suivante :
http://aqua-reve-francoise.blog4ever.com/
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