Maridan-Gyres

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L'atelier du 10/02/2015

Le serveur parisien

Xavier  avait de quoi être fier. Propriétaire d’un restaurant à Paris, depuis cinq ans, il était désormais connu et reconnu. Situé dans le 5ème arrondissement à proximité de la Sorbonne et du café de Flore,  Xavier avait su s’entourer des bonnes personnes et flatter les égos afin d’attirer les personnalités dans son restaurant. Fort de cette réussite, il avait embauché, il y a un an, Fabien en qualité de serveur et second de cuisine.

Fabien était un bon serveur, ce n’était pas un excellent second de cuisine, mais il avait une spécialité, l’andouillette, et il est vrai qu’elle était bonne. Il n’était pas une lumière, et son égo démesuré lui avait valu quelques réflexions de la part de Xavier au cours des derniers mois. Fabien s’était permis des « mots » vers les clients qui n’avaient été pas appréciés par Xavier qui ne souhaitait pas voir fuir sa précieuse clientèle.

 

La toute première fois, c’était en février. Xavier, en cuisine, préparait sa fameuse escalope milanaise. Il déposait sa fine chapelure, lorsqu’il avait dû intervenir en salle, les doigts pleins d’œufs et de chapelure, car Fabien avait fait des siennes. En effet, suite à la réflexion d’un client qui lui avait dit :

 

-          Ne restez pas médusé de la sorte et servez-nous donc, s’il vous plaît !

 

Fabien avait glissé un petit calamar dans sa soupe de croutons à l’ail et l’animal vivant cherchait désespérément à grimper sur un crouton, se dont Fabien se gaussait à l’idée que son œuvre d’art ressemblait au radeau de la méduse.

Six mois avaient passé depuis et aucun autre incident n’était venu déranger le curieux ménage de Xaviet et Fabien.

Un matin vers six heures, on sonna à la porte. C’était la police judiciaire qui intervenait sur demande du Pentagone. L’agent John Four accompagné du sergent Robert Campin questionna Xavier :

 

-          Nous avons ouvert une enquête à votre sujet !

-          Pourquoi ? demanda Xavier

-          Tentative de meurtre sur un officiel américain !

 

Xavier oscillait entre rire et larmes. Comment se disait-il pouvait-il être concerné par une telle affaire ? Digne d’un film américain des années 1930, le plafonnier basculait de droite à gauche. En entendant « voleur, complot, relations diplomatiques, pantin, vous travaillez pour qui ? » Xavier, dans son pyjama en polyester, sentait sa transpiration s’écouler lentement de ses aisselles, le long de ses cotes. Le tout complété par des pantoufles, griffes d’ours, lui donnant un air des plus surprenant et il s’imaginait déjà passant sur LCI sous l’étiquette terroriste alimentaire, lui qui avait travaillé si dur pour en arriver là… tomber en déchéance.

Deux heures plus tard, et l’atmosphère retombée, il avait pu obtenir davantage d’informations.

Le notable, diplomate américain, avait été la victime d’une intoxication alimentaire à la suite de l’absorption de particules de caca.

Sans commune mesure avec Ikéa et ses fameux gâteaux au cacaola, le chef étoilé se voyait déjà assimilé » à ses Suédois omniprésents.

 

Il se remémora Fabien qui lui avait conté l’histoire de ce client qui lui avait manqué de respect et à qui, il avait servi, une andouillette 100% fraîche et démoulée à cœur, selon ses dires.

Il comprit soudain, et se souvint également de cette fameuse andouillette à laquelle, lui aussi avait eu droit six mois plus tôt. Ce final scatologique resta coincé à jamais au fond de sa gorge.

 

Jean-Christophe 10/02/2015



11/02/2015
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