Le parc Jean Jacques Rousseau
Je suis là, passé à l’éternité depuis quelques siècles (1778), et je regarde avec tendresse le temple de la philosophie moderne. Dieu m’est témoin que j’ai aimé cet endroit. Mon île aux peupliers où j’adorais reposer. Hélas ! La folie des hommes m’en a éloigné. Le Panthéon…. Je m’en moquais bien, moi !
Alors que cette petite île posée là comme un diamant au milieu de ce parc, c’était juste un avant-goût du paradis.
Mais je vous parle de moi, alors que je voulais parler de cette merveilleuses oasis de verdure. Je reprends donc par le début .
Combien de fois ai-je arpenté ce lieu magique. Chaque courbe de ce chemin bucolique donnait à mon esprit mille et une occasions de s’envoler. Combien de textes mirifiques ai-je écrits en pensées ? Je ne saurais le dire et d’ailleurs bien peu de ces envolées lyriques recouvrent aujourd’hui mes pages passées à la postérité. J’en ai profité si peu de temps !
Et pourtant, en y songeant, il me revient encore de folles envies de poser ma plume sur une page blanche et de parler de ce chemin, qui partant de l’entrée du parc faisait le tour des hauts lieux de ce parc enchanteur.
L'avantage de ce début de visite, c'est que si on fait demi tour on voit un paysage totalement différent.
J’aimais à débuter ma promenade en suivant les petits ponts de pierres jusqu’à ces petites cascades.
J’adorais écouter le bruit de cette eau vive qui accompagnait mon pas. Une fois passé le pont de la brasserie, j’arrivais au dolmen. Bien sûr, ce n’était pas un vrai dolmen, mais qu’importe le charme était bien là.
Bien sûr, il fallait à chaque fois que je joue les explorateurs et que j’entre à l’intérieur découvrir un je ne sais quoi qui nourrirait ma plume.
Puis je ressortais, j’admirais la verdure qui m’entourait, je respirais les odeurs de bois, de mousse et toutes ces senteurs que donnent l’eau et la verdure lorsque elles se marient avec harmonie.
Ensuite, je prenais le sentier qui montait. J’arrivais alors au château d’eau.
Caché au fond de ces bois, il m’apportait à chaque fois une impression de découverte et l’envie folle de m’y faufiler.
Aujourd’hui, l’endroit est clos, mais il a toujours un charme indéniable.
Si Si vous vous en approchez, vous découvrez par la porte entrouverte quelques vestiges sans grand intérêt, mais après tout le temps a passé et vous êtes là en promenade, alors jouissez de ce magnifique panorama et continuez sur le sentier tout proche.
Depuis quelques temps, il y a une tente dans laquelle les conservateurs du parc doivent organiser des activités pour les enfants. En tout cas, c’est ce que je crois, car il y a dans cet espace abrité des chaises très colorées propices aux rêveries enfantines.
En reprenant votre chemin, vous passerez devant le pas de tir à l'arc. Un endroit idéal pour s'exercer à ce sport et sans risque pour les curieux. Je ne m'y suis pas essayé. Peut-être dans une autre vie. Mais continuons notre chemin, vous arrivez au temple de la philosophie moderne.
Regardez bien le haut de ses colonnes.
Elles portent toutes le nom d’un auteur célèbre et d’une de ses œuvres. Je vous les conseille toutes comme un fondement minimum de toute bonne culture intellectuelle. Vous n’êtes pas obligé d’adhérer à tous ces écrits, mais ils développeront votre esprit critique et votre goût pour des débats passionnés.
Vous poserez votre séant sur la pierre et votre regard s’évadera par la porte ou vers le ciel offert à votre regard curieux. Laissez-vous envahir par vos pensées disparates, laissez votre esprit vagabonder en toute liberté, ce lieu est propice à tout cela.
Quand vous sortirez du temple, vous serez enchantés de découvrir le lac et des pierres posées un peu partout, témoignages des mouvements humains qui ont tout chamboulé pour créer ce lieu magique propre à la méditation, mais surtout vous y découvrirez le génie du Marquis de Girardin.
Un peu plus loin, vous tomberez sur la tombe de l’inconnu. Qui est-il ? Pourquoi fut-il enterré ici ? Laissons le reposer en paix. Je n'ai pas de réponses à ces questions.
Tout proche, il y a aussi le kiosque chinois. Autrefois un bel endroit. Comme en témoigne cette vieille photo. Malheureusement, les jeunes générations ne le connaissent pas, il a disparu depuis pas mal de temps. Vous savez pour moi, le temps n’existe plus.
Hier
Hier est devenu aujourd’hui, aujourd’hui peut être demain ou plus loin encore, c’est selon ma volonté. C’est délicieux de ne plus être tenu par le temps. Nous y attachons tant d’importance tant que nous sommes vivants et pourtant, si nous savions ! Si nous jetions nos montres à la poubelle, le temps redeviendrait le nôtre. Redevenir maître de son temps c’est toucher à l’éternité. Pour l’instant, mes mots vous sont obscurs, mais vous comprendrez le moment venu.
En continuant votre chemin, vous apercevrez mon île, si belle, où j’ai eu la chance de dormir. J’aimerais tant y reposer encore ! Ce moment fut bref, mais intense dans mon éternité.
Mon admirateur si généreux, le Marquis René-Louis de Girardin, fit construire ce cénotaphe pour moi, sur cette merveilleuse île aux peupliers, pour que j’y repose, ma reconnaissance lui est acquise, mais il le sait déjà, nous nous promenons si souvent dans les prairies éternelles.
Cette merveille, dont il me cru digne, du moins il l’avait créé pour cela, me fut retirée. D'autres décidèrent de m'installer au Panthéon entouré d’illustres personnages et perdu dans du béton. Je préférais tant dormir là, entouré de nature. Il avait su décrypter mon jardin rêvé dans mon « Héloïse » et il y avait ajouté tant d’autres inspirations célèbres, tant de créativité liée à son génie pour la conception de splendides paysages. J’étais si heureux sur ce petit bout de terre.
Comment ces sots ont-ils pu imaginer que je serais plus friand de la dureté et la froideur de la pierre qu'aux ombres changeantes de ce parc, aux miroitements singuliers de ces eaux, aux passages répétés de ces visiteurs curieux ou passionnés ? Que de conversations passionnantes j’ai entendu les quelques années passées en ce lieu de rêve.
Ah non ! On ne m’a pas donné le choix. Fuyez la célébrité mes amis et goûtez à un repos bien mérité loin de l’agitation de ces intellectuels qui me fatiguent à trop s’écouter parler. Une fois encore, je vous remercie, mon ami, pour votre générosité et vos mots que je livre ici à la lecture.
Stèle du Marquis de Girardin à Jean-Jacques Rousseau :
Là sous ces peupliers, Dans ce simple tombeau
Qu’entourent ces ondes paisibles,
Sont les restes mortels de Jean-Jacques-Rousseau,
Mais c’est dans les cœurs sensibles,
Que cet homme si bon, qui fut tout sentiment
De son âme a fondé l’éternel monument.
En face de mon île, asseyez-vous sur le banc des mères de famille où, j’ai souvent imaginé des tas d’enfants courant entre les bancs de pierre et se jetant à l’eau du petit lac pour se rafraîchir devant les yeux inquiets de leurs mamans.
Près de ce lieu, une dalle qui dit :
De la mère à l’enfant
Il rendit les tendresses
De l’enfant à la mère
Il rendit les caresses
D’homme à sa naissance
Il fut le bienfaiteur
Et le rendit plus libre
Afin qu’il fût meilleur.
En reprenant votre errance bucolique, vous arrivez à la prairie arcadienne.
Aujourd’hui, il y a un vieux chêne couché sur lequel je me verrais bien assis à contempler mon île, ou encore le château d’Ermenonville, ou pourquoi pas le lever ou le coucher du soleil. C’est un endroit qui m’a toujours apaisé. C’est là que repose Mayer.
En reprenant votre chemin, arrêtez vous sur l’un de ces arbres couchés juste au-dessus de l’eau.
Profitez d’une sieste bien méritée et admirez la magnificence de ce parc.
Ecoutez le chant des oiseaux, admirez les essences de fleurs, elles sont si belles, si simples, si vraies.
Le lac à cet endroit offre des reflets toujours différents
Quand vous reprendrez votre chemin, vous serez captivés par la beauté des eaux changeantes de ce lac. Les nombreux méandres qui passent sous des ponts tous plus beaux les uns que les autres.
Vous arrivez à l’embarcadère, où j’aimais accrocher une barque pour montrer le lac à mes amis.
Il m’arrivait aussi de taquiner le poisson en solitaire, juste pour le plaisir d’une contemplation de ce joli temple, posé là comme un bijou, aujourd’hui on pourrait le croire en ruines, mais il fut conçu ainsi pour faire l’éloge de ces écrivains que j’aimais tant et qui ont fait connaître l’esprit français dans le monde.
Votre promenade s’achève, je vous conseille de vous asseoir sur le banc de la reine. L’avantage de celui-ci est qu’il est ombragé et proche de l’embarquement si l’envie vous prenez de faire un tour en barque vous n'êtes pas loin. Sur votre gauche, vous voyez la colonne du péristyle de la brasserie.
Il y à un lieu plein de magie que vous devez absolument voir, c’est la grotte des naïades, où aujourd’hui encore, bien que poussières moi-même, il m’arrive d’apercevoir quelques jeunes femmes et leurs galants se conter fleurette en taquinant l’eau du bout de leurs pieds délicats.
L’entrée est pleine de verdure comme une invitation à entrer dans un monde encore intact, préservé de notre curiosité indélicate.
N'ayez pas peur, entrez ! Descendez lme bel escalier de pierre
Découvrez le lieu de leurs baignades
Nous fées et gentilles naïades
Etablissons ici notre séjour
Nous nous plaisons au bruit de ces cascades
Mais nul mortel ne peut y venir en plein jour
C’est seulement lorsque Diane amoureuse
Vient se mirer au cristal de ses eaux
Qu’un tendre poète a cru dans une verve heureuse
Entrevoir nos attraits à travers les roseaux
Oh vous qui visitez ces champêtres prairies
Voulez-vous jouir du destin le plus doux
N’ayez jamais que douces fantaisies
Et que vos cœurs fous, simples comme nous
Sois bienvenue dans nos riants bocages
Puisse l’amour vous combler de faveurs
Mais maudits soient les insensibles cœurs
Eux qui briseront dans leur humeur sauvage
Les tendres arbrisseaux et nos gentilles fleurs.
Poète : William Shenstone
Les fleurs qui y poussent sont très délicates et prêtes à s'envoler au moindre petit souffle d'air
L'eau y est si limpide que nul doute que les naïades s'y baignent encore, quand la nuit tombe.
Le chemin arrive à son terme. Vous allez repasser les jolis ponts qui vous ramèneront à l'entrée du parc.
Profitez de la jolie vue sur le château d'Ermenonville, et si le coeur vous en dit, revenez donc flâner en ces lieux.
Si vous êtes chanceux, le héron cendré vous saluera, mais il n'est pas toujours là. Les volatiles du château seront là à votre sortie, ce peut être une jolie fin pour votre balade. A bientôt!
Moi, Maridan Gyres, j’ai suivi ce conseil précieux, et voici ce que j’ai vu. Mes photos en témoignent. Alors courez vite rendre visite à ce merveilleux endroit, je suis certaine qu’à vous aussi, il racontera son histoire. Et dites-vous bien que tout ce qui précède est venu de mon enchantement. J’espère que l’immense Jean-Jacques Rousseau ne m’en voudra pas d’avoir triché avec sa réalité.
J'ai pris un grand plaisir à explorer ce très beau parc. Je n'ai pas tout vu, car chaque découverte était un enchantement. Mais la grotte des naïades m'a juste enchantée. Une fois à l’intérieur, rien ne pousse, mis à part quelques mots gravés dans la pierre et cependant, j'ai entendu les naïades qui s’amusaient, se racontaient leurs amitiés, leurs amours. Oubliez le monde extérieur, ici tout vous est offert si vous savez écouter. Moi, je les entendais… et même... Je les ai vues. La preuve ci-dessous.
Enfin, j'aimerais dire un immense merci au monsieur qui nous a accueillis et que j’aurais pu écouter des heures tant ses explications nous ont donné envie d’en savoir plus sur ce grand écrivain et la vie de ce parc somptueux. J’ai commandé "la nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau" que je ne connaissais pas. Je reviendrai vous faire part de ma lecture. A bientôt
Maridan-Gyres 15/07/2017
J’ai loupé la visite de la borne Girardin, où j’aurais pu lire ce joli texte que je vous invite à découvrir.
Le jardin, le bon ton, l’usage
Peut-être Anglais, Français, Chinois
Mais les eaux, les prés, les bois
La nature et le paysage
Sont de tous temps, de tous pays
C’est pourquoi dans ce lieu sauvage
Tous les hommes seront amis
Et tous les langages admis
En principe c’est par cette borne que démarre la visite, mais nous ne respectons jamais les règles, c’est un bon principe pour visiter en paix et à contre-courant de la foule. Vous, vous ferez comme vous le sentirez.
Maridan Gyres 2/08/2017
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