Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Ma muse

https://www.youtube.com/watch?v=0vTBZzB_gfY

 

Etait-ce ce fruit pratiquement pourri qui lui avait rendu ce sursaut de vie ? Il l’ignorait, cependant il ressentait dans tout son corps la promesse d’une jeunesse retrouvée.  La page blanche devant lui sollicitait la suite de cette histoire, mais il ignorait encore quelle piste il allait suivre pour reprendre son récit.

 

« J’avais cru de façon bien innocente en la promesse de découvertes fabuleuses au bout de la montée vertigineuse où m’avait entraîné mon ami de toujours. Ce fut le sifflet de la vieille locomotive à vapeur qui me fit trébucher et tomber dans le vide. Ma chute libéra mon esprit qui vagabonda en mes souvenirs

 

A nouveau, je revis le dessin de ses lèvres, puis le coquillage derrière elle. Tout mon corps s’embrasa à l’idée des promesses non tenues. Ma réception en bas de l’escalier me fit vite redescendre sur terre. J’étais bloqué. Je n’arrivais plus à bouger, une peur viscérale s’insinua en moi. Le froid intense qui régnait là faisait naître des volutes de vapeurs de ses lèvres entrouvertes. Elle tentait de manière bien inutile de reprendre son souffle après sa course effrénée. Moi, je ne rêvais qu’au miel de sa bouche qui alimenterait les flammes de mon désir toujours plus intense.

 

J’avais l’impression de grimper une montagne magique porteuse de promesses, mais au bout de mon chemin, atteindrais-je mon idéal ou me retrouverais-je comme le pauvre pêcheur bredouille, sa besace vide de toute prise ?

 

Telle était la question que je me posai à cet instant précis. Fini les rêves au goût de miel, ne restait plus en moi qu’une frayeur qui allait grandissante. Un peu plus loin, je distinguai une ombre noire près de la fontaine du village. Elle se penchait et semblait s’abreuver. Plus trace de la belle, elle avait disparu. »

 

Qu’a-t-il manqué ?  Il frémit, l’imagination prolixe dont il dispose lui offre bien des scénarios, mais une fois les masques arrachés, la réalité lui renvoie souvent des destinées brisées, des rêves inachevés et des journées sans illusion, sans joie d’aucune sorte. Il reprend consciencieusement son ouvrage.

 

« Elle se redressa soudain. Elle était trempée de la tête aux pieds. Elle avait jailli de la fontaine, telle Ondine en ses eaux. Le coquillage derrière elle, lui faisait comme un écrin Y avait-il une femme à l'origine devant cet ouvrage d'art ? C'est la question qu’il se posa. »

 

Il ne c’était jamais pris au sérieux. Lorsqu’il écrivait c’était surtout pour vider les idées qui s’emmêlaient dans sa tête jusqu’à l’étourdir. Et puis, il y avait eu cet article dans le figaro « Jean-Yves Gyres est à l’aube du génie littéraire. Dans un style totalement nouveau, il nous livre une prose faite de velours et d’acide dans laquelle, chacun peut se retrouver. »

 

C’est cet entrefilet qui avait changé sa vie. Mais il n’était plus temps pour cela, il venait de faire une promesse à Sabrina, il termina son chapitre et rejoignit en souriant sa femme. C’était elle sa muse, celle qu’il décrivait dans tous ses romans. Aucune autre n’avait sur lui ce pouvoir de création.

 

Maridan Gyres 5/11/2014



07/11/2014
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