Ogribar
Les cinq petites fées ont fui la pluie, elles se sont réfugiées dans leur grotte préférée. Là, des poufs, des fauteuils moelleux de toutes les couleurs. Et, tandis qu’elles se posent, l’une d’elles demande : « et si je faisais du thé ? » Super, s’exclament les autres, mais moi j’veux des pâtisseries, dit Zaza, et moi du sirop de gingembre dit Marie. Oh oui, nous aussi ajoutent Solène et Myriam. Quant à Catherine, elle adhère, elle aussi, au sirop de gingembre, mais dans un petit verre.
« Alors les fées, on vit de quoi aujourd’hui ? » demande Myriam
D’écrit, de mots légers qui vont s’agiter, danser, s’enrouler et faire fuir les nuages gris. « Envie de quoi » demande à nouveau Myriam ?
« De soleil » se mettent à chanter les quatre autres.
Mais aussi de chocolat. Décidément, cette Myriam est affamée ce matin. Chocolat, oh oui ! c’est si bon le chocolat. Les voilà toutes les cinq parties à rêver de fontaines de chocolat qui coulent, qui enrobent leurs minuscules doigts. Elles ont soudain une envie folle de ce mariage festif.
Cho, chocolat, ou la la, Zaza ce n’est pas bon pour tes kilos, ta jupette a déjà besoin de quelques millimètres de plus.
« Oui, mais c’est si bon » répond cette dernière.
Soudain, un lapin est entré dans la grotte pour se mettre à l’abri. Il s’approche de Marie avec précaution, pas très rassuré. La petite fée le saisit et l’essuie vigoureusement. Après tout heureux d’être enfin sec, il se blottit contre elle.
Elle s’amuse à le voir redresser ses longues oreilles comme s’il écoutait leurs conversations. Son petit nez ne cesse de se froncer provoquant chez elle et ses amies des crises de fous rires. Soudain, le voilà planté sur ces deux pattes arrière, pas content du tout, se demandant, si elles se moquent de lui. Alors furieux il se retire au fond de la grotte.
« Ne sois pas sot, reste près du feu, viens la petit, tu es trop mignon, viens nous montrer comme tu es beau. »
Le voilà qui revient doucement, son pelage blanc illumine la noirceur de la grotte. Tout à coup, un grognement sourd arrive du fond de la grotte. Les voilà toutes les cinq recroquevillées par la terreur. L’orage qui continue dehors a foudroyé un arbre qui bouche à présent la sortie. Plus d’échappatoire. Elles se cachent dans un renfoncement avec le petit lapin qui tremble de frayeur.
Et voilà que surgit un ogre gigantesque. « Y’à quelqu’un ici ? » Plus un bruit. Serrées les unes contre les autres elles attendent immobiles osant à peine respirer.
L’ogre s’assoit près du feu.
« Personne ne m’aime », dit-il. « Le fil du temps coule et jamais une âme qui me parle. Pourquoi suis-je toujours aussi seul qu’au jour de ma naissance ? Je sais bien que je suis laid et que je leur fais peur. Mais mon cœur est si gros, pourquoi n’arrivent-ils pas à m’aimer ? »
Et le voilà qui se met soudain à pleurer des torrents de larmes. Solène le prend en pitié et s’approche doucement de lui.
« Peut-être que si tu arrêtais de grogner, les gens auraient moins peur de toi. Comment tu t’appelles ? »
« Grivasco »
« Tu veux un peu de mon gâteau, OGRIBAR ? » ajoute Zaza.
« Oh ! Oui, j’adore les gâteaux »
Zaza consternée le voit engloutir, tout son gâteau, en une seule bouchée, dans son immense bouche.
Les autres fées se sont rapprochées à leur tour ainsi que le petit lapin. Les voilà qui font connaissance tout en se réchauffant autour du feu.
« Nous les ogres, nous sommes les gardiens des richesses elfiques. C’est pourquoi dès la naissance on nous apprend à grogner. Mon père disait souvent que nous étions issus de la lignée des elfes. Mais que le grand OUANITOU notre dieu était un elfe si laid que les autres l’avaient banni de leur cité, tellement il faisait peur aux femmes et aux enfants. Cependant, comme ce n’était pas de sa faute, ils lui confièrent la charge de veiller sur leur trésor.
À partir de ce jour-là, plus personne n’a jamais aimé les ogres. »
« Ton histoire est bien triste », a dit Cathy.
« Mais à présent, tu peux changer tout cela, tu as déjà cinq nouvelles amies, plus notre petit lapin blanc et puis tu peux écrire, ainsi les gens apprendront à te connaître et ils verront quel grand cœur tu as. »
C’est l’heure bleue, l’heure des farfadets qui s’éveillent. Dans la lande, la couleur a changé, les hommes dorment. Le monde magique s’éveille. Les farfadets remontent les pendules de la nuit. Minuit ils sonnent le tocsin des trolls. Et voilà qu’ils sortent de leurs grottes, tapant sur leurs tambours comme des sourds.
Les fées s’éveillent et vaquent aux travaux de la nuit. Vite, vite, couper les fleurs fanées, procéder aux boutures, récolter le miel des abeilles.
Une heure, c’est l’heure des nains, les trolls sont rentrés, le monde magique est en mouvement. Les nains coupent le bois qui alimentera les feux souterrains.
Deux heures les elfes, ils vont faire danser les fées jusqu’au matin.
C’est une joyeuse farandole qui s’organise dans les bois.
Quatre heures, l’ogre sort de sa tanière, et demande :
« Qui veut bien jouer avec moi ? »
Depuis qu’il a écrit son livre, il s’est fait de nouveaux amis.
Les cinq petites fées viennent le rejoindre.
« Danse avec nous OGRIBAR »
Et le voilà qui se dandine faisant trembler la terre sous ses pas. Les lapins rappliquent encolère.
« Vas-tu cesser ce vacarme, gros lourdaud ? »
Maridan GYRES 01/2013
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